Matinée de débat autour de la voiture autonome

Les acteurs français de la voiture autonome se sont réunis ce jeudi 2 avril, à l’initiative du magasine l’Usine Nouvelle, pour discuter de l’avenir de cette technologie.

La demi-journée a été divisée en trois temps :
– un long entretien avec Jacques Aschenbroich, DG de Valéo
– un court exposé de Benoit Tiers, DG d’Audi France.
– un débat entre Marc Debord, Directeur Communication de VOLVO, Thierry Le Hay, Responsable pôle innovations systèmes embarqués PSA et Christophe Sapet, Président de Navya Technology

Premier temps : Valéo.

M. Aschenbroich a fait part de ses ambitions fortes dans le domaine, de son positionnement leader sur ce créneau, avec notamment 11% du chiffre d’affaires dépensés en R&D. Ils ont présenté un prototype la semaine dernière avec Safran, l’objectif affiché étant de traduire quelques technologies aéronautiques dans l’automobile, par exemple, avec une centrale inertielle, une centrale permettant de calculer le positionnement précis de la voiture sans GPS.

Concernant Google, il a indiqué qu’il ne voyait rien de similaire chez eux (il a juste omis Google Maps qui permet à leur voiture de se passer de cet outil à forte valeur ajoutée). M. Aschenbroich ne croit pas à un grand soir législatif sur ce sujet, ne croit pas à une immixtion de Google dans les ordinateurs de bord, via un système Androïd embarqué, par exemple, ni à une volonté de Google de construire des voitures.

Valéo a bien saisi l’enjeu stratégique majeur de cette technologie et a monté une chaire sur le sujet avec PSA, Berkeley et l’INRIA. L’entreprise se contente pour le moment de rester à sa place de fournisseur en vendant les capteurs et les logiciels dédiés à ces capteurs. L’entreprise ne propose pas de logiciel de fusion de données qui demeure la chasse gardée des constructeurs. M. Aschenbroich est conscient du rapport de forces entre les futurs acteurs du monde de l’automobile (que nous développions ici) et préfère s’en tenir distant. Enfin, il a fait part de sa découverte des nouveaux usages de la voiture,  de l’importance du partage et de la nouvelle économie qui en découlera.

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Deuxième temps : Audi France.

Jolie présentation d’Audi qui, là encore, a rappelé ses exploits dans le domaine. Un seul mot d’ordre : le CLIENT. L’enjeu est d’orienter la voiture autour de ses besoins, c’est à dire le divertissement et la meilleure expérience de conduite possible.

Benoit Tiers voit trois stades d’évolution dans la voiture, l’assistance à la conduite, déjà présente dans les modèles premium de la marque, le piloted driving qui sera intégré dans l’Audi Q7 lancée en mai (avec une autonomie de conduite en embouteillage jusqu’à 60km/h, et enfin, l’autonomie complète, qui ne sera pas présente avant quelques années. Les trois révolutions de l’automobile sont la motorisation, l’autonomie et la connectivité. Sur ces trois points, Audi travaille énormément.CBkvGceWEAEbKrP

La technologie sera évidemment déclinée sur les autres modèles, avec une technologie de mise à jour copiée sur Tesla. Il faut favoriser l’expérience client, le retenir, lui donner le gout de la conduite. Audi a bien compris que toute sa valeur ajoutée demeurait avant tout dans l’expérience de conduite de la voiture, il est inenvisageable pour eux que la voiture devienne aussi impersonnelle qu’un moyen de transport de masse. C’est à la fois leur force, car la marque dispose d’un univers solide et auxquels les clients renonceront difficilement, et sa faiblesse, si l’autonomie des voitures venait à prendre l’ascendant sur la conduite humaine.

3e temps : le débat

Les représentants des deux constructeurs se sont retrouvés en face du président de Navya Technologies, le briseur de codes face aux acteurs déjà en place. Volvo a rappelé ses initiatives, connues, dans le domaine, avec les 100 voitures autonomes disponibles à Goteborg. M. Sapet a rappelé la maturité de sa technologie sans conducteur en environnement fermé, pour le « premier » ou « dernier » kilomètre dans le transport de passagers. M. Le Hay, de PSA, a expliqué que l’autonomie impliquait une normalisation des données des villes, ce qui sera très lent à obtenir à l’avenir, du fait de la multi-modalité propre à chaque ville.

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Les intérêts des uns et des autres étaient bien soulignés et différenciés, on constate assez clairement la lourde inertie des constructeurs (notamment sur le plan commercial) face au dynamisme de Navya. Le briseur de codes face aux positions en place. En tout cas, même si les acteurs sont là, il est encore trop tôt pour savoir qui sera le vainqueur de ce marché dans les années à venir, et comment il évoluera.

En bref, cette matinée a été un point d’étape intéressant sur cette technologie d’avenir. Les enjeux sont correctement identifiés par les acteurs, et leurs stratégies s’alignent en fonction de leurs visions. Enfin, point important, j’ai appris que la France avait fait une demande pour modifier la convention de Vienne imposant le port des deux mains du conducteur sur le volant, une étape indispensable pour des évolutions législatives.

2 réflexions sur “Matinée de débat autour de la voiture autonome”

  1. Bonjour,

    Pourquoi y aurait-il un seul gagnant ?

    Tout les constructeurs vont s’y mettre et proposeront tous un modèle puis plusieurs.

    Les sous-traitants fourniront les composants et certains iront plus loin dans l’analyse et traitement de l’information.

  2. Je trouve que les constructeurs sous estiment Google et sa capacité à innover, et son énorme trésor de guerre. Ils ont déjà des satellites, ont parcouru la plupart des rues (street view), et en ce sens sont bien plus avancés que les constructeurs automobiles traditionnels. Fabriquer un véhicule basique qui au final ne ressemblera pas à un véhicule traditionnel est presque une formalité (Google pourrait d’ailleurs facilement racheter un constructeur !). Et ils n’auront pas à s’accommoder des concessionnaires, équipementiers et garagistes, en fabriquant des véhicules à la location qui demanderont moins de maintenance.

    Qu’en pensez-vous ?

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